Du déni de soi au déploiement du Soi
Voici la retranscription de l’interview complète de Coralie par Mary Mombrun dont vous trouverez le lien de la vidéo tout en bas de la page.
Mary
Bonjour Coralie
Coralie
Bonjour Marie, je suis heureuse de passer ce moment avec toi.
Mary
Oui, moi aussi, beaucoup. On s’est rencontrées il n’y a pas très longtemps. Suite à la publication de ma vidéo sur la violence des femmes et l’enfantement du Nouveau Monde et on a déjà bien échangé toutes les deux autour de cette question de la violence, qu’elle soit physique, psychique, émotionnelle. Du coup, tu as été partante pour témoigner de ton parcours.
Juste deux mots sur qui tu es et ce que tu fais. Aujourd’hui, tu accompagnes les personnes et donc tu vas pouvoir témoigner du point de vue ces deux postures : d’une personne qui a été victime de violences, auteur de violence, puis accompagnatrice de personnes, pour leur permettre d’aller regarder cette violence en eux. Et comment s’en libérer ? Comment effectivement passer de la violence à la puissance ? Le thème de la vidéo aujourd’hui, c’est le déni de soi. Je te passe la parole pour déjà dire deux, trois mots sur ton parcours.
Coralie
Merci Marie ! J’en suis à ma troisième vie professionnelle puisque j’ai une formation d’ingénieur dans le domaine de la qualité de l’eau, dans lequel pendant dix ans j ‘ai oeuvré en tant que manager, puis pendant 10 autres années en gestion des compétences dans un établissement public. Et effectivement, je me sentais de plus en plus décalée avec tout ce monde là au fur à mesure que je cheminais vers moi. Et donc, petit à petit, c’est là que j’ai été amenée à me former et à accompagner des personnes.
Au départ, comme j’ai fait un burn-out et j’ai fait quand même plusieurs grosses transitions de vie, j’ai accompagné les gens dans ces deux thématiques. Et ça m’a permis de continuer à cheminer et être de plus en plus proche de moi-même puisque pour moi, mes clients, les personnes que j’accompagne et celles de mon entourage sont aussi mes guides. Et il y a 6 ans, j’ai co-fondé l’Institut d’Auto-Accompagnement en pleine présence, qui est un espace qu’on a créé avec Pascal Hastir pour offrir aux personnes qui veulent prendre responsabilité de leurs émotions, reprendre le pouvoir sur leur vie, trouver du soutien dans leur cheminement. Les programmes que nous proposons dans cet Institut permettent à chacun, à son rythme, de se remettre en lien avec ce qui est vivant en soi, se remettre en lien avec son élan de vie. C’est ça que j’ai envie de partager par rapport à cette thématique.
Quand j’ai écouté ta vidéo, ce qui m’a sauté aux yeux, et ce n’était pas aussi conscient jusque-là, c’est que la plus grande violence que j’avais subie, c’était en fait ces injonctions permanentes depuis mon enfance, mais y compris dans les milieux professionnels et dans ma vie adulte, de ne pas être moi-même, de ne pas déranger, d’être sage, de rentrer dans le moule. Quand je me suis mise en lien avec cette thématique, j’avais plein d’images qui me venaient, y compris dans mon milieu professionnel. Je me souviens, une fois, j’étais en train de recruter quelqu’un dans une équipe ; on était dans le couloir en train de discuter avec le DRH. Puis, je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai eu, de manière spontanée, comme un éclat de rire. Et j’ai vu le DRH me regarder d’un air sévère… je me suis dis Oups, ça ne se fait pas d’être dans son énergie d’enthousiasme. C ‘est en fait un exemple tout simple. J’en ai vécu des dizaines et des dizaines de situations comme celle là.
Mary
Parce qu’en fait c’est extrêmement subtil et insidieux. C’est-à-dire que les injonctions, les interdits, ça passe par des regards, ça passe par des postures, c’est pas forcément par des paroles en plus…
Coralie
Et comme dans notre enfance, forcément, on veut rentrer dans le moule pour se faire aimer, on essaye d’être sage, on ne dérange pas, etc… Le fameux âge de raison. Et un moment, ce n ‘est pas conscient mais on se dit bon, ok, si je veux arriver à fonctionner dans ce système, si je ne veux pas me faire rejeter, il faut que je bloque tout ce qui est spontané et naturel à l’intérieur de moi. Et en fait, ce que j’ai vu, c’est que ce fonctionnement inconscient m’a coupé de mon élan de vie. Donc, cet élan de vie, qui est comme l’énergie du printemps, qui se déploie naturellement en nous, qui part de la terre vers le ciel, qui fait dresser les arbres, qui fait pousser les bulbes… et bien petit à petit, à force d’avoir toutes ces injonctions : » Il ne faut pas être comme ci… » « Il ne faut pas être comme ça » « Je t’apprécie quand tu es sage… » a été coupé. Et la conséquence de ne plus être en lien avec mon élan de vie a été la perte de ma sécurité intérieure. J ‘ai mis longtemps à voir l’immense impact de cela dans toutes les facettes de ma vie. Mais l’effet le plus radical est que je suis allé chercher ma sécurité à l’extérieur (contexte professionnel, vie affective…)
Mary
Oui, et c’est-ce qui est très paradoxal parce que finalement, et je tiens vraiment à le repréciser, c’est que pour un enfant, le fait de se sentir aimé, c’est vital. S’il sent qu’une facette de lui ne peut pas exister, il pense qu’il ne va pas être aimé ; et pour lui, c’est sa vie qui est en danger. Donc, en fait, en stratégie de survie, il va couper ces facettes qu’il perçoit comme non appréciées. Pour un adulte, ça peut paraître anodin, alors que pour l’enfant, c’est vécu en plus plus plus. Du coup, les interdits sont hyper puissants. Et en tant qu’enfant ça vient nous couper en deux, couper la tête du corps. Et finalement, on arrive à être aimé… mais coupé de ce sentiment de sécurité intérieure.
Coralie
Oui oui. Et puis moi, ça a généré une petite fille hypersensible, envahie par ses émotions, mais qui était en permanence en train d’essayer de les contenir. Et cet état, je n’ai pu le transformer qu’autour de la quarantaine. Quand je me suis formée au coaching, je me suis rendu compte que cette hypersensibilité je l’avais vécue comme un boulet pendant toutes ces années : je regardais la télé , je me mettais à pleurer ; j’entendais des personnes se chamailler dans la rue, je pleurais ; quand un instituteur s’adressait à moi devant la classe, je rougissais… et bien sûr je n’osais pas parler en public. Je subissais beaucoup mes réactions qui étaient handicapantes dans ma vie de tous les jours en société. Et puis, avec le temps, en faisant connaissance avec cette hypersensibilité, en l’intégrant dans la conscience plus globale de Qui je suis, j ‘ai vu que c’était en fait une sensibilité qui n’avait pas été reconnue en tant que telle. Et j ‘ai compris que je pouvais la mettre au service des autres. Et c’est ainsi que dans mon cheminement, j’ai pu accompagner des personnes à passer au delà de leur hypersensibilité : faire connaissance avec leur mental qui se met à s’agiter pour essayer de faire le tri dans toute l’intensité de ce qui se passe, qui essaye de contenir leurs émotions pour arriver à « fonctionner » dans la société, etc. Ca peut faire parfois comme une cocotte minute à l’intérieur parce que toutes ces émotions, il y a une volonté de les contenir, et en même temps cet élan de vie et cette sensibilité sont retenue et ne peuvent donc pas être déployées. Et c’est tout ce chemin que j’ai fait ces dernières années. Et ce qui m’a vraiment soutenue, ce qui a été fondamental dans ma vie, c’est la découverte du processus de Focusing de la relation intérieure grâce auquel on arrête de mettre de l’énergie et son attention à l’extérieur, on revient à soi et on observe ce qui se passe. Quand j’ai fait ce mouvement de l’extérieur vers l’intérieur, j’ai découvert des choses incroyables en termes de violence de moi à moi.
Mary
Et oui, c’est ça qui est important de repérer pour recréer du lien avec soi même. Parce que souvent, la violence qu’on vit enfant, elle est tellement subtile, insidieuse, qu’on n’a pas de repère. On ne peut pas repérer qu’on a vécu de la violence. Et on a beau se retourner, on ne comprend pas en fait. Finalement, quelque part, j’ai eu un père, une mère. On se dit « J’ai eu une enfance heureuse » et on a rien pour repérer qu’on a bien vécu une forme de violence. Finalement en incorporant en nous des stratégies de survie, cela fait qu’on va être dans la violence vis-à-vis de nous-même. Et on va aller réprimer ces parts de nous qui n’ont pas le droit d’exister. Finalement, cette violence elle s’exprime à l’extérieur de nous. C’est-à-dire que toute situation ou personne qui va venir réveiller ces parts de nous qui n’ont pas le droit d’exister, on va essayer également de les manipuler, de les réprimer. Comment ça s’est vécu pour toi ? Comment tu as vécu, comment tu as pris conscience aussi finalement de cette violence que tu pouvais aussi exercer sur eux ? Sur l’extérieur ?
Coralie
C ‘est venu de ce mouvement-là : le fait d’arrêter de chercher à résoudre les problèmes à l’extérieur. En revenant en moi, j’ai découvert ce qu’il y avait à l’intérieur … Et là j’ai compris pourquoi le monde était dans cet état. Quand j’ai vu la violence, les tensions, les manipulations intérieures, les conflits entre les différentes parts de moi, je me suis dit : voilà, finalement, le monde est le reflet de nos vécus intérieurs. Mon environnement est le reflet de ma vie intérieure et donc du coup, c’est quoi l’urgence ? C’est de prendre soin de moi pour, petit à petit être à l’écoute de cette violence.
J’ai vu des trucs, mais incroyables. Je peux citer des exemples de ce que j’ai vu à l’intérieur de moi. Quand j’étais dans cette intention de me reconnecter à mon élan de vie, et me dire : « OK, j’ai droit de me faire plaisir, j’ai le droit de ne pas toujours tout porter, forcer, pousser ; j’ai le droit de prendre soin de moi, de m’aménager des espaces où je me fais du bien, etc. » J’ai vu une partie de moi qui se révélait sous forme d’une femme qui me faisait un signe comme pour me trancher la gorge, comme si elle me disait « Si tu prêtes attention plus à toi, je te coupe la gorge, tu n’as pas le droit de te faire plaisir, il faut que tu sois au service des hommes, il faut que tu sois au service de ton travail, il faut que tu sois au service de tes enfants… « . C’était incroyable de découvrir que cette injonction vivait à l’intérieur de moi, de voir cet élan qui avait envie de se révéler et en même temps, cette partie qui disait « Non, ça ne se fait pas ». Et je voyais bien que cette partie émergeait sous la forme d’une femme des années 1900 qui me parlait « Non, ça ne se fait pas, ça ne se fait pas de quitter son mari ». J’ai été la première dans la lignée des femmes à lever cette loyauté là. Ça m’a fait faire un burn-out, tellement ce conflit intérieur a été violent, c’était vraiment un conflit entre différentes émotions d’élan et de retenue.
Et puis, il y a une autre chose aussi qui m’a marqué dans cette période. Une autre partie de moi a émergé quand j’étais à l’écoute de ce qui pouvait m’empêcher de me redresser, ce qui entravait le déploiement de mon élan de vie. Pendant plusieurs semaines elle me tapait derrière la nuque avec une barre en fer. Mais c’était vraiment comme si elle était là. Je la sentais, elle me tapait, elle me disait « Non, tu ne vas pas te redresser, tu vas t’abaisser à ce qu’on te dit de faire, tu vas faire ce que les autres veulent et tu n’as pas le droit de penser par toi-même ». Et ce qui était fou, c’est de découvrir que cela aussi vivait à l’intérieur de moi. Et cette violence là, je n’en avais aucune conscience.
Mary
Et comment elle s’est exprimée alors, à l’extérieur vis-à-vis des hommes, vis-à-vis de ton entourage ?
Coralie
Alors, il y a eu toutes sortes de facettes qui ont émergé de tout cela !
Déjà, vis-à-vis des hommes, ce qui s’est passé, c’est que, comme j’avais cette insécurité intérieure profonde, quand je tombais amoureuse, c’était pour remplir mon besoin de sécurité. Donc, sous l’aspect d’être amoureuse, il y avait : « S’il te plaît, remplit moi pour ne pas que je ressente cette insécurité ». Et donc, ça a généré une forme d’injonction paradoxale. J’étais dans une forme de manipulation inconsciente que l’on pourrait résumer ainsi : « Rempli moi, rempli mon besoin de sécurité, prend soin de moi, mais ne m’envahit pas ». Après coup ça fait quand même bizarre mais que je ne peux pas me le reprocher puisque je n’avais pas conscience de mes enjeux intérieurs. Mais cela a généré des blocages dans ma sexualité parce que d’un côté c’est comme si je demandais à mon compagnon de combler un puits sans fond d’insécurité, et d’un autre côté, rapidement, je le rejetais parce que je me sentais envahie. Il y avait vraiment ce double mouvement permanent qui se faisait. Et c’était difficile à décrypter. Lorsqu’un compagnon me disait « Je t’aime et dis moi ce qui te ferait plaisir », comme je n’étais pas connectée à mon élan de vie, j’étais incapable de répondre à cela. Et donc j’attendais de lui qu’il devine ce que je ne savais pas moi-même. C’était impossible ! On comprend alors facilement que ça peut rendre fou d’être avec quelqu’un qui te dit « Je ne sais pas ce que je veux, mais toi, tu dois le deviner ». Voilà une belle injonction paradoxale !
Mary
« C’est fous le camp, vient ici », « Je t’aime moi non plus ». Et puis, les amours déchirants, c’est « Je voudrais que tu t’approches mais plus tu t’approches, plus je te rejette ». Et surtout, c’est qu’en face, de l’autre côté, en général, on attire des compagnons qui sont sur les mêmes taux vibratoires, qui sont dans les mêmes jeux relationnels, qui viennent aussi chercher en toi, en nous, cette même sécurité, ce même amour.
Coralie
Mais oui, exactement et pour moi, dans une relation, c’est 100%/100%. Il n’y en a jamais qu’un seul des deux qui est responsable de la situation, c’est bien comme tu dis. On s’attire et on s’emboîte dans nos blessures et donc forcément à cet endroit-là mes compagnons étaient dans une posture de sauveteur et ils allaient tenter de remplir mon besoin de sécurité, mais en même temps, ils se faisaient rejeter parce que parce qu’ils étaient trop envahissants. Tant qu’on n’en a pas conscience, effectivement, on joue ce mouvement à deux, et ça génère des incompréhensions. On est en relation directement depuis nos enfants intérieurs blessés plutôt que d’être en relation depuis deux adultes conscients de leur enfant intérieur. Ce sont nos histoires qui s’affrontent, donc forcément, c’est compliqué. Ce n’est pas une relation d’adulte à adulte. Ce n’est pas une relation de présence à présence.
Mary
Parce que en fait, ce qui se passe dans le processus, c’est lorsque l’autre vient s’occuper de tes besoins, de ton besoin de sécurité. Il te dépossède de tes propres ressources et te maintient ainsi dans une position de petit enfant blessé, de petite fille blessée qui va systématiquement aller chercher à l’extérieur. Et toi, lorsque tu vas t’occuper du besoin de sécurité de l’autre. Eh bien, tu dépossèdes l’autre de ses propres ressources et tu le maintiens ainsi dans une posture de victime et de petit enfant blessé. Donc, on ne se rend pas service, ni à soi, ni à l’autre et on nourrit tous ces jeux de victimes, bourreaux, sauveteurs. Et en fait, il y a vraiment une histoire de confiance. Quand je cherche à satisfaire le besoin ou les désirs de l’autre, quelque part, je ne lui fais pas confiance en le fait que lui peut le faire pour lui-même. Et donc, je ne laisse pas s’agrandir de l’intérieur. Je ne le laisse pas aller se connecter, aller déployer, activer ces propres ressources.
Coralie
Oui, et c’est vraiment cette notion de : « à partir d’où je suis en relation, à partir d’où je vais aller vers l’autre. Est-ce que je pars de mon adulte présent ou est-ce que je pars d’une petite fille ou d’une mère contrôlante ? » Je peux en parler car j’ai été aussi pour mes compagnons de vie une mère contrôlante qui voulait leur éviter de vivre des choses désagréables, qui voulaient qu’ils aillent bien pour que moi, ça ne me dérange pas dans mon bien être et mes projets. Donc c’est vraiment un jeu qui se joue à deux et qui n’est pas évident à débusquer. Ça demande beaucoup de conscience. Cela demande vraiment d’être attentifs, de pouvoir se dire les choses au fur et à mesure, de construire un climat de confiance, comme un espace d’amour à l’intérieur de laquelle on peut se déposer, avec beaucoup d’humilité, tels que l’on est. Et se faire l’un à l’autre le cadeau de s’autoriser à se dire les moments où l’on perçoit que l’autre entre en relation depuis un enfant blessé. Dans cet espace de confiance on pourra aussi dire à l’autre « Observe ce qui se passe, il me semble que là, tu t’adresses à moi depuis ton petit garçon et dis moi si tu vois que je suis en relation avec toi depuis ma posture de petite fille ou depuis ma posture de mère toute puissante ou contrôlante ».
Mary
Et en fait, ce qui est intéressant puisque tu as prononcé le mot de mère, c’est bien là un paradoxe de la posture d’être mère et d’avoir des enfants. Il y a cet élan naturel de vouloir protéger ses enfants, et en même temps le risque, c’est de les surprotéger. Parce que pour éviter qu’ils viennent réveiller nos propres blessures, on va aller, comment dire, faire en sorte qu’ils ne soient jamais tristes, qu’ils n’aient jamais peur, qu’ils ne soient jamais en colère etc. Dans la croyance qu’on va les rendre heureux comme ça, en fait, on les dépossède de leurs propres ressources.
Coralie
Oui et j’ai trois enfants et ce mouvement vers moi a été précieux. Etre à l’écoute de ce qui vit en moi avec ce processus de Focusing de la relation intérieure, m’a vraiment aidé à observer mes blessures et ça a été d’une puissance extrême. Quand mes enfants étaient en détresse, j’ai appris à d’abord observer ce que ça me fait, c’est-à-dire de revenir à moi avant d’aller vers eux. Et ils vivent tous différentes épreuves. Ma fille qui avait 16 ans était dans une famille d’accueil au Canada, et elle s’est retrouvée dans une difficulté relationnelle. Elle m’a donc appelé au secours au téléphone, on était à des milliers de kilomètres. Je ne pouvais pas aller la récupérer dans l’heure ! La seule chose que je pouvais faire dans l’instant c ‘était de reconnaître en moi ce qui s’agitait, qui cherchait à toute vitesse des solutions. Alors pour cela je me suis dis « Qu’est-ce que ça te fait de te retrouver toi dans cette situation de ne pas pouvoir l’aider directement? » Et j’ai pu voir une partie de moi qui était profondément affectée, qui était profondément triste et inquiète, qui aurait tellement aimé que son séjour se passe bien, qu’elle puisse en profiter, etc. Et une fois que j ‘ai pu être avec cette partie de moi, en conscience de ce que cette situation lui faisait vivre, j’ai pu parler à ma fille depuis mon axe, depuis un ancrage. J’ai vraiment pu lui offrir ma présence afin qu’elle puisse trouver un espace stable pour se calmer et trouver ses propres solutions.
C’est mon fils ainé qui m’a souvent dit dans ces dernières années où ça a été compliqué pour lui » Maman, depuis que tu as changé de posture je sais que tu es vraiment là, tu es vraiment comme un axe, et je peux, en cas de besoin, m’appuyer sur toi. Et tu me laisses vivre, ce que j’ai à vivre. » Et ça, en tant que parent, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à nos enfants. Avec un peu d’entrainement, maintenant, quand je vois qu’il se passe quelque chose avec mes enfants, je ne cherche plus rien à faire. Je reviens à moi et j’observe intérieurement ce que ça me fait. Une fois cela reconnu, je peux revenir vers eux depuis une posture ancrée, stable et leur offrir de l’empathie afin qu’ils puissent installer cette confiance qu’ils vont trouver leurs propres solutions.
Mary
Et donc, on n’est plus dans la réaction, mais dans l’action. Je dis aussi que sur le plan de la conscience, c’est de prendre le temps non seulement d’aller ressentir ce que ça nous fait pour voir ce qui est touché, mais aussi d’identifier le besoin qui a besoin d’être satisfait, la ressource qui a besoin d’être activée. Mais les questions que l’on peut se poser : C’est le besoin de qui que je cherche à satisfaire quand je suis dans cette action ? Est-ce mon propre besoin ? Ou est-ce celui de mon enfant ou de mon compagnon ou de mon ami ? Et dès lors que je cherche à satisfaire le besoin ou le désir de l’autre, je suis coupé de moi-même. Et très souvent, je cherche à satisfaire son besoin pour éviter de ressentir la part de moi qui fait « bobo » et qui crie à l’intérieur. Donc, l’idée c ‘est vraiment d’être dans cette posture de pleine présence qui consiste à prendre le temps d’aller ressentir ce qui se passe en nous et de mettre de la conscience sur ce qui se passe et sur les actions qui vont se poser.
Coralie
C’est vraiment une posture d’humilité qui permet de retrouver sa puissance en étant authentique avec soi-même : OK, je vois ce qui se passe en moi. Je vois cette violence. Je vois l’effet que ça a fait sur les autres. Et c’est important de ne pas se juger mais plutôt d’observer la part de nous qui se juge.
Et je veux aussi parler de l’impact de cela sur mes enfants. Comment le fait d’avoir cette violence intérieure s’est matérialisé dans ma relation avec mes enfants ? Comme je n’étais plus connectée à ce que je voulais vraiment, à moi et à mon élan de vie. Lorsqu’ils me demandaient des choses, je ne prenais pas le temps et je n’avais pas cette capacité de voir si c’était juste ou pas pour moi. Donc j’étais tout le temps à leur service. Mais je leur faisais payer en même temps, c’est-à-dire j’étais à leur service, mais je ne faisais pas ça toujours ça depuis l’élan du cœur. Je faisais ça parce que je leur avais dit oui, vite fait, par culpabilité, etc. Et ça, les enfants, ils me l’ont beaucoup, beaucoup, beaucoup renvoyé pendant des années, sans que j’ai la capacité de comprendre ce qui se passait. Et cela a généré beaucoup de tensions entre nous.
Et encore récemment, ma fille qui a aujourd’hui 17 ans fait la conduite accompagnée, et elle m’a demandé si elle pouvait conduire. Pour moi, c’est un gros dépassement de lui laisser prendre le volant parce que oui, j’ai peur en voiture. Et trop souvent j’ai répondu Oui sans prendre le temps d’écouter si c ‘était juste pour moi, du coup j’étais stressée et je la stressais au volant. Et une fois, elle me dit : écoute, maman, je préférerais que tu me dises : »non, je préfère que tu ne prennes pas le volant » plutôt que tu me dises oui, et qu’après, tu sois stressée. Et donc voilà, ça a été une demande très claire de sa part, et je l’ai vraiment remercié pour ça. C’est-à-dire que nos enfants, ils ont besoin qu’on soit clair, ils le sentent et sont mal à l’aise quand on dit Oui mais qu’ils perçoivent intuitivement un Non. Mais comment on fait quand on est perdu avec soi même ? C ‘est tout ce chemin que j’ai fait depuis 10 ans, 15 ans, revenir à moi, prendre le temps d’écouter intérieurement « qu’est-ce que je veux vraiment ». Et oui, ça prend du temps.
Et au fil du temps, quand mon compagnon me disait : « qu’est-ce qui te ferais plaisir » que ça devenait un peu plus clair au fond de moi (ce que j’aimerais, comment j’aimerais qu’on soit ensemble), j ‘ai contacté un deuxième écueil : c’était de l’exprimer. Ce qui était juste pour moi, tournait à l’intérieur, je le percevais, mais il y avait quelque chose qui était bloqué qui m’empêchait de faire des demandes. Et c’est toute un cheminement intérieur qui a dû se faire pour me reconnecter à mon centre, à mon élan de vie, mais aussi que ça puisse circuler jusqu’à se mettre en mots.
Et puis il y a eu un troisième effet au fait d’être coupée de mon élan de vie, c’est au niveau professionnel, j’ai passé mon temps à chercher ma place. En fait, pour moi, aujourd’hui, ma place, elle est là où je suis dans l’instant, entre ciel et terre. Je suis connectée à la terre, je suis connectée au ciel, je suis simplement là, consciente de mon axe, de cette énergie qui me traverse et je peux rayonner. Je n’ai plus rien à cherche. Alors ce sur quoi je vais porter mon attention, c’est comment déployer mon élan vie, car qui je suis vraiment c’est ce que j’ai de plus précieux à offrir au monde.
On a eu plusieurs fois des tensions avec mon associé sur ce sujet parce qu’on se retrouvait tous les deux dans des dynamiques insconscientes : je lui reprochais de ne pas me laisser ma place, mais en même temps, s’il me la laissait j’avais du mal à la prendre. De son côté, a certains endroits prendre ma façon de fonctionner en considération était trop déstabilisante pour lui.. Enfin c’etait un jeu entre nous. Mais au début de notre collaboration cela a été compliqué, pour l’animation des stages, pour co-gérer l’Institut, etc. On a eu régulièrement des ajustements. Pourquoi ? Parce que l’un comme l’autre, on était dans des projections sur l’autre de notre propre fonctionnement. Et ça nous a consommé beaucoup d’énergie d’être dans ces tensions.
On revient toujours à la même chose, quand on n’est pas clair avec notre élan de vie, et comment on veut/peux le déployer on va avoir des récriminations, on va être dans la réclamation. Et c’est vraiment pour moi ce chemin qui s’est fait de passer de « je récrimine, je revendique ma place » à « je suis là, j’offre le meilleur de moi et je n’ai rien à revendiquer ». Je n’ai pas à revendiquer d’être une femme. Je suis une femme. Je suis une âme incarnée dans un corps de femme. Je suis là. J’ai juste à honorer tranquillement ce que j’ai à faire. Et c’est tout ce cheminement que petit à petit j’installe dans ma vie.
Mary
Et de la même façon, on n’a pas à revendiquer l’amour. Est-ce que l’amour est là ? Il est déjà là. L’idée, c’est de lui permettre de s’exprimer en nous. Mais c’est un petit peu ça pour moi. J’aime bien ce petit conte qui s’appelle « Aimer la main ouverte ». C’est l’histoire d’un petit papillon et un promeneur dans une forêt qui se balade et qui voit un papillon en train de se battre pour sortir de son cocon. Et donc, avec toute la bienveillance possible, il s’approche. Il voit ce papillon se débattre. Il a l’impression qu’il est en train de souffrir. Et donc pour l’aider avec toute la bienveillance possible il va écarter le cocon pour aider le papillon à sortir. Et du coup, le papillon sort de son cocon et puis meurt. Mais en fait là, il prend conscience que c’est au prix du combat de ses ailes contre le cocon que le papillon fortifie ses ailes et peut s’envoler. Et en fait, c’est ça, c’est accepter que l’autre, pour développer ses propres ressources, a besoin qu’on le laisse se débattre dans ces situations de vie, dans cette épreuve, qu’on le laisse se perdre pour pouvoir se trouver, pour pouvoir trouver ce qui est juste pour lui. Et donc, c’est vraiment le deuil de la toute puissance. C’est pour ça que tout à l’heure tu parlais d’humilité, je dis toujours que finalement, s’occuper de soi, revenir à soi, s’autoriser, se permettre à satisfaire mes propres besoins, c’est un vrai cadeau qu’on fait à l’autre parce que du coup, ça lui permet de faire la même chose. C’est un cadeau qu’on fait à nos enfants. Ce n’est pas être égoïste, au contraire, la personne la plus importante du monde, c’est nous-même. Pour que nos enfants aillent bien, il faut vraiment que NOUS soyons bien, nous soyons vraiment connectés pour leur donner l’autorisation d’en faire autant. L’enfant, il apprend par mimique…
Coralie
…Par mimétisme… Effectivement, et c’est tout un chemin et que je continue à apprendre dans cette dynamique de « laisser l’autre vivre ce qu’il a à vivre ». C’est compliqué en plus quand on est clairvoyant, c’est-à-dire qu’on perçoit les choses alors qu’on a beaucoup d’expériences d’accompagnements. Et c’est une des clés du processus de Focusing que l’on transmet, on ne va pas lui dire à un client où il doit aller, on ne va pas lui donner des conseils. On va vraiment l’inviter à être à l’écoute de ce qui est juste pour lui à l’intérieur de lui. D’ailleurs, c’est la posture la plus relax, finalement, puisqu’on a simplement à offrir sa présence à l’autre. On n’a pas à essayer de l’amener nulle part. Et en même temps, ça demande de lâcher-prise parce qu’on peut perçevoir des choses, des images, des sensations. Et puis peut-être que ça apparaîtra dans la séance, ou dans 5, 6, 7 séances, Ou ça n’apparaîtra jamais parce que ce n’était peut-être pas juste. Je n’en sais rien en fait. Je n’en sais rien. Mais du coup, c ‘est tellement important d’être vraiment au plus près de la personne là où elle en est. C ‘est son propre corps qui va dévoiler ce qui est juste dans l’instant. Et c’est pareil pour nos enfants, pour notre entourage. En même temps, de leur offrir une présence tranquille, de pouvoir offrir de l’empathie, mais de laisser chaque personne vivre ce qu’elle a à vivre. C’est comme ça qu’elle va pouvoir elle-même contacter sa puissance, et reprendre les rênes de sa vie. Parce que, comme tu disais effectivement, en voulant aider l’autre malgré lui et en voulant, comme avec l’image du papillon, l’aider à sortir, on l’empêche d’être dans sa pleine puissance et de prendre responsabilité pour sa vie parce qu’il croit qu’il va avoir besoin d’une solution extérieure pour s’en sortir.
Mary
Eh oui. OK Super Coralie. Ecoute, on arrive à la fin de la vidéo, donc on met tous tes liens sous la vidéo pour si des personnes auraient besoin de te contacter et puis ben au plaisir de refaire une vidéo avec toi. Merci !
Coralie
Oui merci Marie ! N’hésitez pas sur le site autoaccompagnement.com il y a effectivement un cours d’initiation gratuit pour découvrir ce processus. Pour revenir à soi, pour prendre soin de soi et pour se reconnecter à qui on est vraiment, à notre sagesse, notre élan de vie.
Au plaisir Marie de se parler bientôt !
Mary
Oui, au plaisir. Merci à vous ! À très bientôt !
Lien vers la vidéo sur la chaîne youtube de Mary Mombrun