Pour qu’émerge le nouveau,
l’ancien doit mourir.

Isabelle Chauvet, Praticienne Transmettrice de l’Institut d’Auto Accompagnement en Pleine présence

C’est ce que symbolise dans la tradition indienne, Shiva, le destructeur des mondes, qui détruit l’ancien, le dépassé, pour qu’une nouvelle énergie puisse apparaître et créer autrement.

De façon plus douce et saisonnière, c’est ce que nous enseigne la Nature. En ce moment, les arbres ont perdu toutes leurs feuilles, ils ne sont plus que bois, ne donnent aucun signe de vie. Et pourtant, pendant ce temps arrêté, qui ressemble à la mort, ils préparent le renouveau du printemps, une nouvelle ramure qui croit en son temps et éclate d’une vie nouvelle.

Il semble que l’époque actuelle nous invite en tant qu’humains à vivre ce cycle ; à laisser tomber nos vieux schémas éculés ; à vivre ce temps de latence, parce que les nouveaux bourgeons ne peuvent apparaître qu’une fois les vieilles feuilles tombées et même décomposées, ce qui prend tout le temps d’une saison ; pour que bientôt, au printemps prochain, émerge un nouveau monde, une nouvelle façon de fonctionner, que nous pressentons sans pouvoir encore voir complètement à quoi cela ressemblera.

Et bien sûr, c’est très inconfortable, insécurisant et bouleversant à vivre. Peut-être est-ce comme cela que vous vous sentez en ce moment ou est-ce ce que vous êtes en train de traverser dans votre vie ? Pour moi, je vis cela comme un effondrement de tous mes anciens schémas, sur tous les plans, et autour de moi, ceux avec qui j’échange vivent également cela, chacun à sa façon.

Ces schémas, je les ai déjà reconnus, ils ne sont plus systématiquement aux commandes de ma vie ; j’ai commencé à pouvoir goûter à un autre fonctionnement auquel j’aspire, plus aligné avec qui je suis aujourd’hui. Et pourtant, je vois bien que dans certaines circonstances, l’ancien revient « en force ». Par exemple, ma façon de faire des actions, de mettre en œuvre les choses, était de prendre sur moi, me remonter les manches et d’y aller comme on dit. J’ai vu un jour cette part de moi dans une séance de focusing, comme un cocher en train de fouetter violemment ses chevaux pour les faire avancer. Cela vous parle ? Avez-vous aussi une part de vous qui ressemble à ça ?

Bien sûr, ce fonctionnement n’est pas très propice à ce que mes actions me nourrissent, se fassent à partir d’un endroit en moi joyeux, inspiré et léger, auquel j’aspire. Il provoque d’autres réactions, ne plus avoir envie de rien faire, de l’épuisement, une perte de motivation et de joie…

Le reconnaître et ressentir que cette part en moi agit comme ça parce qu’elle ne connaît rien d’autre, parce qu’elle a tellement peur que sans ça, rien ne se fasse, a commencé à me donner accès à un autre espace en moi, plus doux, qui aborde différemment ce que j’ai à faire, qui se donne le temps de laisser plus venir de façon organique, qui a autant le souci de ce qui est à faire que de la qualité de l’action, qui n’est pas dans l’exigence mais dans l’ajustement… Et c’est bon de goûter cela, d’expérimenter que c’est possible, que ça fonctionne finalement mieux… Et en même temps, dans certaines circonstances, quand j’ai beaucoup à faire par exemple, l’ancien revient au galop, le cocher reprend sa cravache…

Il semble que nous soyons nombreux au bord de ce basculement, à commencer à goûter à autre chose sans que cela advienne encore tout à fait. D’où cette sensation d’effondrement qui est là pour moi et d’autres qui témoignent de sentiments similaires. J’ai la sensation de vivre sur un échafaudage indien (ils sont impressionnants, juste des bambous assemblés par quelques bouts de corde élimée…), totalement instable, qui s’affaisse là où ça tenait à peu près… Et certaines parts de moi ont tellement peur de ça… Une amie m’a partagé que pour elle, c’était comme une croûte épaisse, gluante, noire et visqueuse, genre pétrole, qui devait être brûlée et que c’est ce que faisait la bronchite qu’elle trainait depuis des mois.

Je comprends ces effondrements comme un passage nécessaire pour que l’ancien finisse par s’écrouler complètement, condition pour que le nouveau puisse réellement émerger et se déployer. Et en même temps, il y a toutes ces parts en moi, en nous, qui réagissent, qui ont peur, qui se sentent perdues, qui ne veulent pas lâcher ce qu’elles connaissent, qui résistent à ce qui pousse pour advenir et qui ont besoin que je les écoute, que je sois en lien avec elles et ce que ça leur fait vivre… Que je respecte leur rythme, mon rythme, le rythme du nouveau monde… C’est la saison de l’hiver, ce retour vers l’intérieur où ça chemine, où rien ne pousse encore et où pourtant tout se prépare à éclore. C’est là que nous en sommes à l’Institut, avec de beaux bourgeons en préparation et en même temps, besoin de ce temps pour que ces pousses arrivent sur du bois neuf plutôt que d’essayer de les greffer sur des vieux bouts de troncs. C’est pour cela que pour l’instant, les annonces sont suspendues… Parce que nous avons décidé de prendre ce temps pour qu’une vraie renaissance puisse advenir, et pour pouvoir cheminer avec tout ce que cela fait réagir en nous. Nous choisissons pour un temps de nous consacrer exclusivement aux étudiants de l’institut et au peaufinement de nos nouveaux programmes. Nous continuons à être disponibles pour ceux qui sentent avoir besoin de séances accompagnées dans cette période et nous vous retrouverons avec encore plus de joie une fois cette mue accomplie.

Isabelle Chauvet
Praticienne et Transmettrice à l’Institut d’Auto-Accompagnement en Pleine présence