De la solitude à la grâce ….

Pascal Hastir, Co-Fondateur de l’Institut d’Auto Accompagnement en Pleine présence

Vous arrive-t-il de vous sentir seul·e ? Je ne parle pas du fait d’être tout.e seul·e ou isolé·e, mais de vous sentir seul·e en vous-même, même si vous êtes pourtant entouré·es de gens qui vous aiment.

Cette solitude existentielle est bien personnelle et en même temps tellement universelle. Nous sommes plus de 8 milliards de solitudes, seul.e avec nous-même, seul.e face à nous-même, seul.e en nous-même. Et pour ne pas ressentir cette profonde solitude, il peut nous arriver de tenter de la compenser par toutes sortes d’artifices ou de stratégies. Je pense même que la plupart de nos addictions ou compulsions sont des tentatives de combler ce vide intérieur par des relations, des achats, des distractions, la recherche de reconnaissance ou d’attention, voire même certaines pratiques spirituelles. J’ai réalisé que j’ai fait beaucoup de choses dans ma vie pour avoir l’attention, la reconnaissance, l’admiration ou l’amour des autres. Même en me mettant à leur service, j’ai vu une part de moi vouloir exister à leurs yeux, leur être utile, se sentir aimée par eux. J’ai vu cette part de moi se pervertir ou se travestir pour correspondre à leurs attentes.
Je n’ai pas réalisé tout de suite qu’en cherchant l’amour des autres, en le cherchant à l’extérieur de moi, en essayant de m’entourer d’amour, je me coupais de plus en plus de moi, de mon essence, de l’amour en moi, de l’amour que je suis. Je me suis même senti longtemps honteux de ce sentiment de solitude profonde qui m’habitait, je voulais à tout prix le cacher de peur qu’on me qualifie de dépendant affectif.

En prenant conscience de cette part de moi qui me drainait beaucoup de mon énergie en voulant à tout prix être aimée, j’ai réalisé qu’elle avait une seule intention : Ne pas ressentir cette solitude.

Ce sentiment de solitude profond et impossible à combler entièrement dans notre monde, résulte de la séparation d’avec le Grand Tout, notre nature divine, l’amour créateur qui est à l’origine de toute vie. Cette séparation peut se produire pour certains au moment de l’incarnation, pour d’autres au moment de la naissance, et pour d’autres plus tard dans leur vie. Une ou plusieurs expériences douloureuses peuvent être à l’origine de ce replis intérieur, de cette coupure. Cela peut se traduire par la création d’une armure pour se protéger, ou d’un rejet de notre sensibilité ressentie comme trop douloureuse. Seule la réalisation de notre nature divine, et notre réunification avec elle, peut nous guérir de cette croyance induite par nos expériences vécues, que nous sommes séparés du reste de la vie.

J’en suis donc venu à m’intéresser avec curiosité à cette solitude existentielle en moi-même en acceptant de la ressentir, en l’observant, en ressentant comment elle vivait en moi. Je l’ai ressentie comme un resserrement dans le ventre, la poitrine et la gorge, comme si cela essayait de se faire le plus petit possible, comme quelque chose qui est replié sur lui-même. A ce stade, j’ai déjà pu constater qu’en acceptant de le ressentir, en reconnaissant que c’est là en moi, plutôt que de lutter contre ou simplement de l’ignorer, cela me permettait de commencer à ressentir un espace autour et de ne plus me sentir envahi.

Pouvant alors être avec cela, j’ai senti au bout d’un moment que je pourrais faire plus ample connaissance avec cet endroit en moi qui se sentait si seul. Je l’ai donc salué, pour lui signifier que je le vois, que je le sens, que je suis là et que je suis disposé à établir un premier contact avec. J’ai senti que je pouvais faire cela car en l’acceptant et en acceptant de le voir et de le ressentir en moi, je me sentais un peu plus grand ou plus large que cette part de moi recroquevillée sur elle-même.

J’ai donc pris le temps de laisser s’établir ce premier contact, cela a pris un certain temps car j’ai senti que cet endroit était farouche et n’était pas sûr de vouloir être vu. J’ai bien sûr compris qu’ayant vécu caché comme un animal traqué et non désiré, cette part de moi hésite maintenant à se montrer et à s’ouvrir à cette toute nouvelle ouverture inattendue.

Je l’ai donc laissé s’ouvrir à ma présence à son rythme sans la brusquer. Et je l’ai vue petit à petit bouger, prendre timidement sa place, commencer à se déployer et s’ouvrir doucement comme un bouton de fleur au printemps.

Prenant lentement et prudemment sa place dans mon corps, et se sentant aimée et non jugée, je sens qu’elle se tranquillise et gagne en confiance. Tout ce dont cette part de moi si effrayée et esseulée avait besoin pour s’épanouir et s’incarner, était un environnement accueillant, aimant et bienveillant. En Focusing de la relation intérieure, nous appelons celà “être Soi en Présence”, c’est-à-dire incarner pour soi-même les qualités d’être de notre nature profonde, qui est l’amour.

Incarner l’empathie, la compassion, le non jugement, l’amour inconditionnel n’est pas une chose à faire dans le but d’arriver à un quelconque changement ou résultat, c’est juste être Soi présent·e à la vie en nous-même et autour de nous. Ceux d’entre vous qui pratiquez la méditation connaissent cette qualité d’être. Eckhart Tolle fait cette proposition dans une méditation guidée : “Puis-je être un espace pour cela, et puis-je me reconnaître comme étant cet espace ?”. Il évoque cet espace en nous à l’intérieur duquel toute forme de vie peut être telle qu’elle est. Le défi est de l’incarner dans la vie de tous les jours.

C’est dans cette rencontre et cette réunification dans l’amour entre notre nature incarnée et notre nature divine que se produit la Grâce. La grâce d’être en même temps l’être aimé et l’amour lui-même, C’est aussi la fin de la solitude et l’ouverture à l’amour inconditionnel. La Grâce est beaucoup plus que de se sentir aimé sans condition, ce qui est bouleversant, c’est de ressentir un amour infini pour soi-même, pour les autres et toute la création. Oui, aimer est encore beaucoup plus fort que d’être aimé, mais c’est en se sentant aimé que notre nature incarnée et jusque-là séparée de l’amour peut s’abandonner totalement à cet amour.

Ce chemin vers Soi en présence commence donc par la reconnaissance de ce qui en nous-même souffre de se sentir seul·e ou séparé de la vie. En acceptant de ressentir cela en vous, vous pourrez aussi vous reconnaître dans une dimension plus vaste de votre être.

Comment faire concrètement ?
Si vous vous sentez seul·e ou isolé·e, si vous faite l’expérience de cette solitude qui vous habite, vous pourriez commencer à reconnaître cela à ce moment même : “ Oui, je ressens quelque chose en moi qui se sent seul, là en moi maintenant” et prendre le temps de ressentir la sensation de cela tel que vous la ressentez et vous pourriez juste laisser une main aller dans sa direction et se poser à cet endroit, comme pour reconnaître que c’est là et sentir comment cela vit en vous à cet endroit. Et juste rester avec un moment, comme si vous offriez une présence amicale à un être aimé qui se sentirait comme cette part de vous là maintenant, et juste continuer à lui tenir compagnie avec amour et empathie ou compassion.

Observer comment cela se passe pour vous. Le chemin qui peut commencer à se faire dans cette relation intérieure ou les difficultés que vous rencontrez sur ce chemin.

Vous trouverez plus de ressources gratuites sur le site de l’institut d’Auto Accompagnement en Pleine présence ou sur notre chaîne Youtube
N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions ou besoin d’un accompagnement pour vous soutenir dans votre démarche.

Pascal Hastir
Co-Fondateur et Transmetteur à l’Institut d’Auto-Accompagnement en Pleine présence

Partagez avec nous un temps de reliance A coeurs Ouverts
Découvrez notre prochain thème….