Imperfection, perfection,
une question de point de vue..
Pascal Hastir, Co-Fondateur de l’Institut d’Auto Accompagnement en Pleine présence
J’ai pendant bien des années essayé de perfectionner ou de corriger ce que je considérais imparfait en moi. Je ne supportais pas l’idée d’être imparfait et j’ai lu beaucoup de livres et participé à des séminaires ou des formations afin de changer ce que je n’aimais pas de mes comportements ou de mes façons de penser. Ma façon d’agir ou d’être notamment en relation avec les autres ne me plaisait pas et ne correspondait pas à l’idée que j’avais de qui je devais être. Malheureusement, à part quelques petites améliorations dues à une grande vigilance et un certain contrôle de mes émotions, dans la plupart des cas les comportements que je n’aimais pas se reproduisaient malgré moi. Je n’arrivais pas à faire le bien que je voulais faire et je continuais à faire le mal que je ne voulais pas faire et cela était plus fort que moi. Alors que je souhaitais être plus proche de ma compagne par exemple, je me voyais, dans des situations difficiles, lui dire des choses blessantes et causer le contraire de ce que je souhaitais profondément. Je me suis donc battu pendant longtemps contre ces parties de moi qui décidaient à ma place de ma façon d’être, je vivais beaucoup de culpabilité, d’impuissance de ne pas être en contrôle de mes émotions, de mes paroles et de mes réactions.
J’ai un jour croisé quelqu’un qui m’a invité à accepter de ressentir ce qui en moi me poussait à réagir dans les différentes situations de ma vie, j’ai d’abord été étonné par cette invitation car je souhaitais me débarrasser de ce que je jugeais imparfait en moi et certainement pas être en contact avec celà. En fait, je craignais qu’en arrêtant de me battre pour le changer, je serais donc complaisant et que je perpétuerais le comportement. De plus, c’est facile de dire ‘’accueille cela’’, mais comment faire quand je ressens que j’ai envie du contraire. Cette personne m’a alors dit que si je ne pouvais pas entrer en contact avec cette part de moi, je pourrais peut-être reconnaître ce qui en moi n’en veut pas, et que je pourrais ainsi peut-être accueillir ce qui ne veut pas, ce qui résiste. J’ai donc pris un temps d’arrêt pour ressentir et reconnaître en moi ce qui résistait à l’idée de m’ouvrir à cette part de moi qui avait un comportement jugé comme imparfait et j’ai rencontré ce jour là cette partie de mon moi qui voulait que je sois parfait. Alors que je jugeais mes comportements dit ‘’imparfait’’ comme étant le fruit de mon égo, j’ignorais cet autre aspect de mon égo, celui qui se critique, se juge, celui qui se condamne, celui qui souhaiterait incarner l’idée qu’il se fait de la perfection. J’ai tout à coup ressenti de la compassion pour cette part de moi qui se démène tant pour être parfait, pour correspondre à l’image que j’aimerais avoir de moi-même. Eckhart Tolle appelle cela l’égo spirituel, une partie de nous identifiée à la conscience et qui aspire à la perfection. Michael Szyper écrit à ce sujet dans son livre ‘’pétales d’éveil’’ : L’identification la plus grossière est l’identification à un JE séparé, l’identification la plus subtile et la plus difficile a déceler étant l’identification à l’expérience de la pure conscience’’.
Il ne s’agit pas maintenant de juger cette part de nous mais de d’établir avec elle une relation d’empathie et amour comme seule la conscience de Soi en présence peut le faire. Avoir un regard bienveillant pour cette partie de nous qui se démène, se juge et souvent juge aussi les autres ou leurs imperfections car elle souhaite retrouver la paix et la sérénité de notre état originel, ce paradis perdu qu’est la plénitude et la perfection de l’être. La perfection nous apparaît comme telle lorsque nous reconnaissons et que nous apprenons à aimer ce qui est à priori jugé imparfait, ce qui n’est pas entièrement en paix en nous. Il ne faut donc pas rechercher la paix et la perfection, car cette recherche ne peut que créer de la souffrance et nous mettre en conflit avec notre nature incarnée et duelle. C’est en reconnaissant entièrement notre humanité et en permettant à ce qui est d’être tel que c’est que nous pouvons nous élever en conscience. La lumière de notre conscience bienveillante transforme alors l’imparfait, elle change notre regard, elle l’apaise, l’allège, ce qui réagis ou tente de contrôler en nous commence doucement à se dissiper, à perdre de sa densité car nous arrêtons de le nourrir inconsciemment. Ce que j’ai saisi par cette pratique, c’est qu’il est vain et souffrant de travailler sur les comportements afin de tendre vers la perfection. Il est plus efficient de les reconnaître afin de les exposer à la lumière aimante et compatissante de notre présence consciente qui éclaire ce qui est dans l’ombre et ainsi induit plus de sagesse dans nos comportements qui s’en trouvent inévitablement transformés de façon naturelle et sans effort, sans combat.
C’est un changement de paradigme total et on ne peut y croire que lorsqu’on l’a soi-même expérimenté. Cette façon d’aborder mes “imperfections” et mes souffrances à tellement changé ma vie que je me consacre aujourd’hui à l’enseigner auprès des gens qui aspirent à une paix inconditionnelle, au-delà des émotions, des pensées ou des comportements. Une fois cela saisi par l’expérience, ce nouveau paradigme prend place petit à petit et remplace la course infernale vers une forme de sainteté qui semble à priori louable mais qui cause bien des souffrances. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ?
Je fais donc l’éloge de l’imperfection car elle est parfaitement imparfaite dès qu’on la reconnaît pour ce qu’elle est sans s’y identifier. L’imperfection et la perfection sont donc des points de vue selon qu’on est identifié à nos émotions, à nos pensées ou à nos réactions ou que l’on y soit présent en conscience.
Pascal Hastir
Co-Fondateur et Transmetteur à l’Institut d’Auto-Accompagnement en Pleine présence
Découvrez notre prochain thème….